Collectif les Pieds sur Terre - Janvier 2019 |
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Domaine des Jasses
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L’alerte
Mi-décembre 2018, l’alerte sur l’implantation d’un projet truffier de grande dimension à Ferrières-les-Verreries est lancée. 33 ha de prairies et pelouses permanentes sont menacés de manière imminente, et les documents mis en ligne par la société Truffle Farms Europe Ltd (TFE) montrent des velléités de défrichements beaucoup plus importants à terme. Un collectif informel de citoyens se crée, s’informe et échange sur les conséquences potentielles de ce projet. Action Nature et Territoire (ACNAT) et France Nature Environnement Languedoc-Roussillon (FNE LR), associations locales de défense de l’environnement se joignent au collectif pour apporter leur soutien logistique et juridique.
Succès de la pétition
Le collectif rédige une pétition et FNE LR fait un communiqué de presse auquel se joignent 3 autres associations de protection de l’environnement : Les Écologistes de l’Euzière, SOS Lez Environnement, et le Groupe Chiroptères Languedoc-Roussillon. En moins d’un mois la pétition récolte près de 7000 signatures ! Merci à tous pour votre soutien qui est essentiel pour la visibilité et la crédibilité de cette opposition. Parallèlement, administrations et élus sont informés des projets de TFE, la société d'investissement écossaise qui rachète le Domaine des Jasses.
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Vous avez signé la pétition
22 habitants de Ferrières-les-Verreries (sur 58) et 78 de Notre-Dame de-Londres (sur 490) 282 habitants du Bassin Londrain et du Plateau Violien 375 sont de l'autre côté du Pic Saint-Loup (Saint-Mathieu-de-Tréviers, Claret, Lauret...) 1005 de Montpellier et plus de 5000 dans l'Hérault, le Gard et la France entière !
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La première action
Le 19 décembre, le collectif envoie et publie une lettre ouverte à TFE, détenteur du permis d’exploiter 33 ha délivré par la DDTM34. Cette lettre fait part de notre préoccupation concernant plusieurs points : gestion de l’eau, suspicion d’escroquerie concernant les rendements prévisionnels de truffes, risques de destruction de la biodiversité et de restes archéologiques, accaparement des terres et libre circulation traditionnelle sur un axe de transhumance. Parallèlement plusieurs articles paraissent dans la presse locale et nationale : Midi Libre, France 3, Le Parisien, Capital, La Dépêche, le JDD, France Bleu Hérault, RCF…
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Le Gorniès, portion incluse dans le Domaine des Jasses
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Réaction de TFE
A la suite de ce courrier, TFE retire immédiatement de son site web les Newsletters du printemps et de l’été 2018, contenant de nombreuses informations sur ses intentions. Ces deux documents légitiment les questionnements de la population locale. Ils sont remis en ligne et traduits sur acnatlr.org. Début janvier, la brochure de présentation du projet présentant le business-plan à destination des investisseurs est également retirée du site. On trouve encore quelques vidéos intéressantes sur la page Facebook de TFE ainsi que sur leur chaîne Youtube.
Des échanges ont lieu pendant les vacances de Noël entre le président de FNE LR et Martin Waddell, directeur général de TFE, qui préfère ne pas répondre publiquement à la lettre ouverte.
Face à l’ampleur des réactions M. Waddell se résout finalement à répondre aux sollicitations des journalistes via un article en forme de droit de réponse publié dans le Midi Libre du 5 janvier 2019. Il dit vouloir “apporter ce renouveau à une région rurale telle que le Pic Saint-Loup”. Le renouveau qu’il évoque serait celui d’une manne économique et touristique telle que l’a vécue la région de Teruel en Espagne, dont la situation économique et écologique est très éloignée de celle du Pic Saint-Loup. A l’en croire le projet n’aurait plus grand-chose à voir avec ses projets initiaux. Mais il nous est difficile de le croire tant les incohérences dans son discours sont nombreuses et les changements de cap rapides !
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Guêpiers, une colonie d'une 40aine de couples niche dans les talus bordant le Gorniès. Photo : R. Veneau
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Le collectif "Les Pieds sur Terre"
De rencontres en rencontres, la résistance s’organise et nous, citoyens, avons décidé de nous unir pour ne pas laisser la financiarisation gagner un peu plus ce territoire de garrigue où nous habitons et qui nous est cher.
Le collectif “Les Pieds sur Terre” incarne ce rassemblement d’habitants, d’agriculteurs et d’associations. Il souhaite ouvrir la réflexion sur l’utilisation de notre territoire.
L’un de nos objectifs est de rendre visibles éleveurs, maraîchers, apiculteurs ou paysans-boulangers locaux. Dans les communes alentours ces paysans sont en recherche de terres pour travailler, construire des projets respectueux des spécificités méditerranéennes, apporter un supplément d’âme, le tout en produisant une agriculture vivrière.
C’est dans ce contexte que nous apprenons qu’en septembre 2017 un collectif d’une dizaine de personnes avait déjà construit un projet pour reprendre le Domaine des Jasses : exploitation agricole bio diversifiée (polyélevage, polyculture), accueil agro-touristique pédagogique, combiné à un projet d’habitat partagé. Ce projet “idéal” ne verra finalement pas le jour : prix trop élevé (1,2 M€), et difficulté à diviser le domaine, notamment à trouver un autre acheteur pour une part du massif forestier… De quoi être amer lorsqu’on sait que le prix de vente à TFE a été réduit à 1,1 M€ et qu’au final 100 ha ont été préemptés par le SIVU du Massif de Monnier (syndicat intercommunal).
Au sein du collectif Les Pieds sur Terre, c’est l’incompréhension qui domine, et l’idée qu’il n’est plus possible d’accepter de telles situations sans réagir.
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Réunion publique
Pour échanger autour de ce projet avec le collectif, mieux comprendre ses tenants et aboutissants, nous allons très prochainement organiser une réunion publique. Nous vous tiendrons au courant de sa date dès qu’elle sera fixée !
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Vos réactions
« Ce projet ne correspond en rien à ce à quoi aspire une majorité des habitants du territoire, ni aux 2 piliers du développement économique identifiés pour le Grand Pic St Loup (voir n° 35 du journal de la communauté de commune) : Agriculture et Tourisme. Ce projet n'est bon ni pour l'agriculture, ou tout au moins pas celle, à échelle humaine, qui est mise en valeur sur le territoire, ni pour le tourisme. » S.C.
« Je signe en tant que président de l’association Régionale Terre de Liens en Occitanie dont la vocation reste la préservation des terres agricoles et contre la spéculation foncière. » P.L.
« En tant que maire qui défend le retour de l'agriculture sur le territoire de notre commune, je trouve ces projets d'accaparement de terres inacceptables. A quand une législation qui protège nos terres, nos paysans, nos paysages et nos ressources ? » I.T.
« Je soutiens la conservation des paysages et de l'agriculture méditerranéens, je soutiens l'agriculture locale et paysanne contre la spéculation foncière internationale. Je m'insurge contre le détournement des connaissances sur l'écologie méditerranéenne et forestière pour défendre des projets trompeurs sur leur véritable impact et sur des bénéfices prétendument apportés. Je m'insurge contre un projet promettant une utilisation minière des ressources en eau, la privatisation d'un territoire ouvert et remarquable sur le plan paysager, ainsi que la destruction des rares prairies pastorales de la région. Je m'insurge contre la transformation irrémédiable des paysages pastoraux au profit de projets purement spéculatifs à court terme portés par des acteurs internationaux, déconnectés du tissu local et irresponsables face aux impacts locaux et régionaux. » M.J.
« Après eux, et après nous, il y a nos enfants que nous disons aimer, dont nous prétendons nous soucier de l’avenir et qui ne se doutent pas que nous sommes en train de l’anéantir, de léguer une terre que nous avons laissé se faire piller, sur peupler, stérile, sans libertés, sans joie : nous leur devions tout le contraire ! » J-C. S.
« Le projet porterait atteinte à la biodiversité et aux équilibres écologiques du site. Il contribuerait à l’épuisement de la ressource en eau pour un objectif totalement fantaisiste […] Non seulement le projet est dangereux écologiquement, mais en outre c’est une tromperie manifeste pour les éventuels investisseurs ! » D.M.
« Je suis trufficulteur selon les méthodes traditionnelles et je ne veux pas voir la trufficulture française détruite à terme comme cela a déjà été le cas pour d'autres spécialités stop à cette invasion qui n’a rien à voir avec l'agriculture. Nous avons assez de problèmes avec les importations chinoises. » B.F.
« La culture de la truffe n'est pas contradictoire avec les paysages locaux du Sud de la France. Au XIXe siècle, la production truffière était beaucoup plus importante qu'aujourd'hui et les paysages étaient parsemés de petites truffières. Néanmoins, il s'agissait de petites structures familiales et la culture de la truffe était complémentaire à d'autres activités rurales. Le problème ici relève de la taille de l'exploitation et de son impact important sur la ressource en terre cultivable pour d'autres activités et sur la ressource en eau, car pour atteindre des rendements suffisants, il est nécessaire d'irriguer les parcelles. Il relève également, et c'est peut être ça le pire, de la déstructuration d'un tissu économique local déjà fragilisé. Les petites exploitations actuelles ne pourront pas rivaliser avec un tel projet. » V.A.
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Carte représentant les 371 ha du Domaine des Jasses, commune de Ferrières-les-Verreries (Fond image : BDortho IGN)
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