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2013-03-19 16:20

PARTIE III : LE DICTATEUR





LE DICTATEUR





En automne 1938, en Europe, les accords de Munich sont signés, stipulant que Français et Anglais livrent à Hitler la Tchécoslovaquie. Le dictateur allemand tire de son succès la conviction que tout lui est permis.



Charlie Chaplin, lui, achève la première ébauche du scénario de son film où il interprète Adolf Hitler. Ce scénario est sans doute le plus long texte jamais écrit par Chaplin. Il lui fallut de nombreux mois pour rédiger le texte du discours final. C'est la première fois, que Charlie planifie toutes les répliques, peaufine ses dialogues.



Le 15 octobre 1940, la première mondiale du « Dictateur » a lieu à New York. Les critiques s'emparent tout de suite du film. Celles-ci divergents, en fonction du point de vue chacun. Certains, ayant perçu ce film comme une propagande, et d'autre ayant été totalement conquis. Charlie Chaplin, déclara, après la prise de connaissance, de plusieurs critiques, '' Je suis à la fois reconnaissant et fier que le film soit aimé de nombreux critiques et si populaire du public. Pour moi, le pari est donc « bien gagné ». Il y a naturellement des critiques. C'était inévitable. ''


Par ce film, c'était l'occasion pour Chaplin d'entrer à bon escient dans le monde du cinéma parlant. Cependant Chaplin n’assume pas encore ce cinéma, et parle alors de film dialogué c’est pour cela qu’il créer sa langue que l’on pourrait qualifié de jargon. Il pouvait se partager entre le barbier - peu loquace - et le dictateur – pour lequel il allait inventer un langage mêlant l'anglais, le yiddish, l'allemand ainsi que des bruits, des borborygmes, des grognements ( évocateurs de la haine de son personnage envers les Juifs ) ou des jeux de mots.

En se mesurant à Hitler avec les armes du cinéma, Chaplin allait s'engager personnellement, afin de dénoncer les abus du régime autoritaire qui règne en Allemagne. Pour représenter l'Allemagne, Chaplin n'utilise pas les vrais emblèmes et les symboles représentant les nazis : il utilise au contraire des symboles de ressemblance ( exemple : la croix gammée ). La caricature du dictateur, où se révèle le génie du mimétisme de Chaplin, est d’une vérité saisissante. On reprocha pourtant au célèbre cinéaste, sa dictature à l’eau de rose où les prisonniers dorment sur des couchettes confortables et reçoivent régulièrement leur courrier.

Chaplin déclara: « je fait le dictateur parce que je hais les dictateurs »; il ajouta que s'il n'avait pas connu les réelles horreurs des camps de concentration allemands, il n'aurait pu réaliser le film et ainsi il n'aurait pu tourner en dérision la folie homicide des nazis.


Charlie Chaplin déclara que son film le Dictacteur n'est pas un film de propagande. Mais en effet, par le biais de ce film, Charlie Chaplin , participe à l’effort de guerre, tout au moins au réveil de l’opinion publique américaine.





Ce film met en scène un barbier, interprété par Chaplin, qui va lors de la guerre sauver un commandant de l'armée. Mais ces derniers vont avoir un accident d'avion qui va les entrainera à l'hôpital. Après de nombreuses années de soin, le barbier va ensuite retourner dans sa boutique où il va devoir s'habituer aux nombreux changements à s'être mis en place lors de son absence. En effet pendant ses années d'absence, la société à subie les modifications effectués par Hynkel qui à met en place une dictature. Il y a selon Hinkel, une inégalité des '' races ''. Celui-ci exerce une discrimination envers les juifs notamment. En effet on voit apparaître sur les murs des magasins qui appartiennent aux juifs, le mot « jew ». Cependant, des opposants vont se rebeller contre ce régime, dont la famille voisine du personnage éponyme, le barbier. Il y avait environ 5 à 10 000 arrêtés par jour par les troupes de la mort, c'est entre autre, l'un des points mis en avant dans ce film. Peu à peu, les rôles de Chaplin, qui interprète le barbier mais aussi le sanguinaire Hinkel, vont se confondre. C'est alors que le barbier devient Hynkel. Le film se clôt avec un long discours d'Hynkel interprétée par le barbier qui revient alors sur les idées d'Hynkel. Ce discours pacifique, prononcer par le barbier sous les traits du dictateur Hinkel, interprétation de Hitler, était le moyen le plus direct pour Chaplin de transmettre ses idées.


Dans ce film , Charlie Chaplin interprête deux rôles en totale opposition dans son film. Il revêtit à la fois le costume du barbier et celui de Hynkel, la caritcature d'Hitler. Jamais Chaplin n'a rien réussi de mieux que cette caricature tragi-comique d'Hitler. En effet, il était le seul à pouvoir interprêter car Hitler a commis l'erreur de cultiver une moustache ridicule. Si l’on compare Hynkel et Hitler, on peut observer de nombreuses similitudes. Au-delà des ressemblances physiques ( voir photo ci-dessous ), le régime de Hynkel est le même que celui de Hitler. On peut observer chez ce dernier une obsession récurrente, celle de l’idéal de la communauté, de la pureté du sang germanique, de la domination d’une seule race, ainsi qu’une volonté de dominer le monde et se croire supérieur à l’autre. On voit bien que Chaplin a intégré dans son film les idéologies de Hitler évoquées dans Mein Kampf (1925-1929) qui prône le recours systématique par la force ne suggérant aucunes négociations ni aucune décisions diplomatiques qui pour Hitler ne sont que des leurres. Mais Chaplin a su en jouer tout en prenant des précautions pour dénoncer au public les abus qu’Hitler a commis durant son règne. Chaplin veut dotant plus montrer qu’une doctrine nazie n’est pas forcément favorable au bon fonctionnement d’un pays ainsi que les relations avec l’étranger. Le fait d'utiliser un héros double a pour but d'aiguiser la satire du totalitarisme que Chaplin. Le juif traqué et le dictateur criminel sont les deux faces d'une même humanité. On devine sans mal que la Tomanie n'est autre que l'Allemagne et que l'Austerlich est la représentation de l'Autriche. En utilisant des noms fictifs mais explicites, Chaplin se protège ainsi de toute censures ou répressions.



( Hitler ) ( Chaplin )

Aussi, on en déduit que sous les traits d'Hynkel se cache Hitler, dont la mégalomanie et les cruauté sont tournées en dérision par Charlie Chaplin qui l'emporte, au final, in extremis. En employant un pseudonyme pour dessiner le portrait d'Hitler, Chaplin accuse implicitement et en limitant les risques, les excès de la dictature Hitlérienne. On peut prendre le discours final à la lettre et déclarer, comme certains critiques américains de l’époque l’ont fait, que Charlie Chaplin braque sur le public le doigt du communiste. Mais en regardant de plus près cette séquence, on voit bien que si Chaplin utilise là les mêmes armes que celles de la propagande des dictatures, il s’efforce dans le même temps d’en révéler les effets néfastes, qu’il en passe par le discours pour en montrer les limites et les dangers. Il semble en outre que ce discours déborde largement la simple volonté de donner une leçon.

Pour la première fois, Chaplin donne la parole à son personnage, lui attribuant huit minutes de discours pacifique et humaniste, asséné avec une force de conviction. Cette force de conviction déclanche autant d'enthousiasme que les discours guerriers d'Hitler. Il s'agit d'un message de paix en opposition aux discours des dictateurs favorisant la guerre. Il s'adresse aux soldats et aux victimes même d'une dictature. Il est vrai que le masque tombe lors de cette scène, qu’on oublie Charlot pour ne plus voir et entendre que Chaplin lui-même. Car, si ce discours nous signifie en quelques mots le message éternel de Charlot celui-ci ne peut que s’effacer au moment où Chaplin prend rendez-vous avec l’Histoire et « règle son compte » à Hitler. Ce discours final ( voir photo ci-dessous ) n’est pas une parodie de discours : un message est clairement transmis , certes, mais Chaplin ne saurait s’en tenir là : s’il s’agit non seulement de donner un message de paix au moment où les dictateurs la menacent. Faire un discours si beau et plein d’espoir soit-il, ne suffit sans doute pas, il faut aussi souligner le geste du discours , il faut dire avec ses grandeurs et surtout ses limites. Ce brusque coup d’arrêt marque d’ailleurs la fin du discours proprement dit.



C’est le moment où, passant à un autre registre et renouant avec l’anecdote du film, le tribun s’adresse non plus à la foule anonyme , mais à Hannah, la fiancée de Charlot ( Paulette Goddard). Il lui délivre directement son message d’espoir qui devient une déclaration d’amour. Chaplin/Charlot disparaît alors de l’écran: on ne verra plus qu’Hannah, cadrée en gros plan, qui entend par la radio cette voix qui s’adresse à elle, et répond en arborant le sourire de l’espoir qu’elle fait naître en elle. C’est donc finalement par la voix que le lien se renoue entre le discours et le film, que la fusion s'opère, par delà l’image, entre Chaplin et Charlot, un instant disjoints, séparés le temps d’un rendez vous historique. Ce qu’on retiendra, au bout du compte, c’est moins le contenu du discours que le geste inouï qu’il représente, le culot magistal dont il fait preuve.

On attendait Chaplin sur le terrain de la caricature et du pamphlet, mais voilà qu’il ne se contente pas de gifler Hitler, comme on le lui demandait, mais qu’il s’érige en donneur de leçon et anéantit au passage les idées bien pensantes qu’on attendait de lui. C’était faire injure à Chaplin que de l’attendre sur le terrain de la caricature. C’est lui faire injure aussi que de juger son discours superflu et d’y voir une simple leçon d’humanisme.