Pétition unitaire Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE)


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2013-11-28 20:32

L'Éducation nationale s'est, semble-t-il, lancée depuis quelques années dans une vaste entreprise de nivellement par le bas. Après le bac dont la baisse constante d'exigence nous envoie dans le supérieur avec un niveau de plus en plus bas, ce sont les classes préparatoires qui sont visées. À l'heure où nous descendons toujours plus bas dans les classements internationaux, il paraît surprenant qu'on veuille écraser les quelques filières où l'on vise encore l'excellence.
J'ai moi-même une sensibilité de gauche, et je ne savais pas que la médiocrité faisait partie de ses valeurs. Pour un parti qui avait fait de la défense de l'éducation un des thèmes de sa campagne, je trouve singulièrement choquant qu'on veuille la détruire là où elle réussit trop. Il faut élever le niveau là où il est bas, et non l'abaisser là où il est haut. Surtout que cette filière est peut-être une des dernières dans le système éducatif français où l'ascenseur social fonctionne encore. En tous cas, je n'avais jamais vu autant de mixité sociale qu'en prépa, loin des lycées dont le découpage sectoriel ghettoïse et sépare les plus riches des plus pauvres; et le travail conséquent que nous fournissons nous transforme et a tôt fait d'atténuer les écarts initiaux de niveau, ce en quoi tout le reste du système éducatif semble échouer.
De nombreux clichés, véhiculés par des médias avides de sensationnel et prompt à caricaturer, se sont répandus un peu partout, au point que je fus surpris, en arrivant en hypokhâgne, de ne pas me retrouver dans le camp de concentration soviétique que l'on m'avait promis. Je n'ai jamais été un bourreau de travail, et pourtant j'ai supporté la charge qu'on m'a donné; surtout, je me suis enrichi de manière vertigineuse, tant sur le plan culturel, humain, que réflexif. Et je préfère encore affronter les exigences élevées de mes professeurs que des amphis surchargés, une administration kafkaïenne et l'inaccessibilité des enseignants - d'après ce que m'en ont dit mes amis partis à la fac.
La prépa n'est pas seulement une formation complète qui apprend à réfléchir, à pousser toujours plus loin, plus profond, et plus haut, à viser les sommets, une formation que je ne déconseillerais pas à mon pire ennemi. C'est en plus, loin de l'aspect monstrueux qu'on veut lui prêter, le dernier bastion de l'enseignement supérieur français qui conserve un visage humain.