SOUTIEN A JACQUES RISSO

Bruno Martin

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2014-01-11 22:09

Citoyen Président de la République,

Afin de te distraire de ta lourde charge, je souhaite t'offrir cette fable.

Quelques jours avant l'équinoxe d'automne, un âne nommé Gihaire, modeste mais travailleur, partait le cœur léger accomplir sa besogne. L'été s'achevait. Gihaire était en pleine forme.

Depuis longtemps déjà lui avait été offerte la tâche de développer l'esprit des jeunes animaux du pays qui lui étaient confiés.

De l'avis de tous, au sein de la communauté des ânes, il s'acquittait à merveille de cette tâche, d'autant plus qu'il y prenait du plaisir. Il innovait, il améliorait les outils que les anciens lui avaient transmis, il avait un regard à la fois critique et créateur sur son métier. Il n'aimait rien de plus que transmettre.

Transmettre son savoir bien sûr. Transmettre aussi les fondamentaux du vivre ensemble. Transmettre les améliorations possibles et souhaitables de son métier : en ce sens, Gihaire était dans le droit fil des lois, des préceptes qui régissaient la communauté des ânes.

Il y mettait tellement de cœur, que cette transmission était une véritable œuvre artistique et créatrice en elle-même.

Gihaire s'occupait à merveille de tous les jeunes animaux qui lui étaient confiés Il participait à l'amélioration de son métier. Et sans le savoir, il donnait du bonheur à de nombreux autres ânes qui exerçaient le même sacerdoce. Il ne rechignait pas à assumer plus de responsabilités, non pour se hausser du cou, mais pour servir. Un de ses leitmotiv est de servir le public.

Ce matin là, Gihaire arrivait sur le lieu qui lui avait été confié pour l'édification de la jeunesse, parmi laquelle, qui sait ? surgiraient un jour de nouveaux ânes, ses semblables, ses frères.

Un animal se tenait là devant la porte. Gihaire le reconnu. C'était une jeune hyène à qui l'on avait confié la responsabilité de veiller au bon fonctionnement des établissements tel celui où Gihaire exerçait son labeur quotidien.

Ces animaux se sacrifient pour abandonner la noble tâche d'éduquer les jeunes afin d'assumer les contraintes de la gestion de l'éducation au niveau local. Ils sont souvent d'une grande aide et de bon conseil. Ils ont été désignés pour cela, en tout cas.

Mais cette hyène interdit à Gihaire de rejoindre son lieu de travail.Elle expliqua aux parents des jeunes animaux présents que Gihaire avait commis un acte très grave. Sans plus d'explication.

Gihaire retourna chez lui dépité . Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Cette incompréhension engendra une souffrance insupportable.

Il apprit rapidement que la hyène Elbée, puisque c'est d'elle qu'il s'agissait, avait répandu le même poison auprès de ses collègues des campagnes environnantes.

La question commençait à trotter dans toutes les têtes.
Même dans la mienne Citoyen Président.
Comment ça quelle question ?
Quel acte grave peut avoir commis une personne qui a la responsabilité de jeunes, pour qu'on l'empêche d'exercer cette responsabilité ? Ne tournons pas autour du pot ! Cela ne pouvait qu'engendrer des soupçons de maltraitance envers les enfants. Pour ne pas parler de pédophilie.

La hyène en parlant d'actes graves concomitants à la décision d'interdire à Gihaire de s'approcher de son lieu de travail et donc des jeunes ne peut que conduire à ce genre de questions.

Gihaire s'appuyant d'abord sur sa compagne, puis sur des amis et des soutiens solides commença d'envisager de comprendre ce qui lui était arrivé.

Il apprit donc, parce qu'il l'avait demandé, qu'il avait mal géré un problème de disputes entre de jeunes animaux qui lui étaient confiés.

Il se dit qu'effectivement sa faute était irréparable et se précipita du haut de la falaise qui domine le canyon, non loin de la pâture.

Lors de sa chute il se dit que s'il avait eu la chance d'avoir été un homme, il aurait sans doute été instituteur dans ce joli village de Rustrel au fin fond du Vaucluse, que rien de ceci n'aurait jamais pu lui arriver. Il y a bien, en effet, dit-on, trop de garde-fous dans cette grande maison qu'est l'Education Nationale de la République Française.

Et il s'écrasa sur cette idée réjouissante.

Réjouissante mais erronée.

Le même genre d'histoires se passe en ce moment.

Un directeur d'école est victime de ce genre de harcèlement de la part de sa hiérarchie.
Hiérarchie qui ne peut se déjuger ou déjuger ses pairs.

« Pour ne point faire de vagues, terminons le sacrifice de l'âne Gihaire », semblent susurrer hyènes et autres irresponsables.

La morale de cette fable, c'est Montesquieu qui nous l'offre :

« Une injustice faite à un seul est une menace faite à tous. »


Citoyen Président, je t'encourage à te pencher sur l'affaire Jacques Risso, directeur d'école primaire à Rustrel dans le Vaucluse.

Citoyen conseiller du Président qui lit, puis doit gérer le courrier de Monsieur le Président de la République Française, je tiens à t'informer que cette fable est libre de droit et publique. Que j'en assume l'entière et pleine responsabilité.


Bruno MARTIN