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Nafissatou Diallo résistera-t-elle au prochain test de vérité ?
Le Point.fr - Publié le 23/08/2011 à 20:56 - Modifié le 24/08/2011 à 20:00
La partie de poker menteur au civil promet d'être rude. À cet égard, l'enquête du procureur est du pain bénit pour le camp DSK.

La deuxième manche de l'affaire DSK se jouera devant la justice civile pour Nafissatou Diallo. © AFP

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La deuxième manche se prépare au rythme des communiqués de presse et des déclarations publiques. Les avocats du camp Diallo brandissent à présent la menace d'une myriade de témoignages de femmes "victimes" d'abus sexuels de la part de DSK. Mais que vaut, devant un jury civil, la thèse de l'agression sexuelle telle qu'elle a été relatée par Nafissatou Diallo ? Aucune des preuves matérielles susceptibles de corroborer la version de la plaignante ne démontre une relation forcée ou non consentie, selon un document de 25 pages établi par le procureur. Cette version manque autant de crédibilité que la plaignante de fiabilité, dit-il. Au point que "l'effet cumulatif des mensonges et des contradictions serait dévastateur" pour son témoignage sous serment devant les jurés de la cour criminelle.


Les versions inventées sur les "viols" dont elle prétendait avoir été l'objet en Guinée avant d'en démentir l'existence ont continué de creuser la tombe des poursuites. "Le fait qu'elle ait déjà menti sur d'autres agressions sexuelles est hautement pertinent dans le cadre d'une plainte pour tentative de viol", note le document. Pis, "le fait qu'elle ait raconté ces viols fabriqués de toutes pièces avec la même conviction et d'une manière tout aussi persuasive que celui dont elle se plaint est encore plus pertinent." En clair, les qualités d'actrice de Nafissatou Diallo risquaient de duper les jurés comme l'ont été les enquêteurs. "Elle a réussi à convaincre des procureurs d'un faux viol et elle pourrait avoir ce même comportement devant des jurés", souligne le procureur. Il est donc de son devoir d'éviter de présenter devant un tribunal criminel un témoin dont il sait qu'il risque de ne pas dire la vérité, tranche-t-il.


Mensonges ou malentendus ?

Selon les avocats de Nafissatou Diallo, celle-ci n'a jamais modifié sa version des faits, comme l'affirme le procureur Cyrus Vance. Question de malentendu ? On ne le vérifiera probablement jamais. Reste à savoir si la multiplication des "malentendus" convaincra les jurés civils ? À commencer par une autre incohérence - malentendu ? - pointée par le procureur dans son rapport.


À la question sur ses motivations financières liées à un procès civil, la plaignante a répondu qu'elle n'en avait aucune et que personne ne pouvait "l'acheter". Mais, parallèlement à ces affirmations, le procureur note qu'une conversation téléphonique avec son fiancé incarcéré, traduite par deux professionnels assermentés, fait état d'un tel intérêt financier. S'il n'y a rien d'anormal à ce qu'une victime réclame une compensation financière pour le préjudice qu'elle a subi, il est en revanche destructeur pour sa crédibilité qu'elle nie ce fait établi par la preuve matérielle de l'enregistrement, conclut le procureur...

Test de vérité


Autre point susceptible de compromettre l'issue d'un procès civil, le document rédigé par le procureur révèle pour la première fois que les preuves médico-légales ne sont pas concluantes. Non seulement le rapport médical n'établit pas la relation forcée ou non consentie, mais il ne valide pas certains aspects de la version de la plaignante. "Les découvertes d'ADN suggèrent que l'accusé a touché les sous-vêtements de la plaignante, mais ne confirment pas sa version selon laquelle l'accusé lui aurait attrapé le vagin."


Quant aux rougeurs décelées sur la zone vaginale, "elles peuvent être causées par une friction, une irritation ou une inflammation", note un expert. Enfin, les douleurs décrites par la plaignante à la suite d'une luxation à l'épaule ne correspondent pas à l'épisode relaté par la plaignante, indique un autre expert médical. Celui-ci est d'ailleurs dubitatif sur le fait que ces douleurs aient disparu au bout de 48 heures pour ressurgir 28 jours plus tard.


La conclusion du procureur est sans appel : "Si nous ne la croyons pas au-delà d'un doute raisonnable, nous ne pouvons par conséquent demander à un jury [pénal] de le faire." "Belle leçon de justice", commente l'avocat pénaliste Christophe Ayela, qui prédit de ce fait la "mort du procès civil". "Nafissatou Diallo ne sera pas davantage crédible auprès d'un juré civil, d'autant que tout repose sur son seul témoignage, aucune preuve matérielle ne corroborant ce qu'elle avance, explique l'avocat. Son manque de crédibilité est tel que le procureur a été amené à se déjuger sous le regard de l'opinion publique mondiale. Son témoignage ne résistera pas davantage au test de vérité de la cross-examination que mèneront les avocats de DSK au procès civil."

Par Laurence Neuer Réduire le texteGrossir le textePartager :






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