Non au parc éolien sur le plateau remarquable d'Innimond


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/ #4065 VOUS VOULEZ AMENER LA ZIZANIE DANS UN VILLAGE ? AMENEZ DES EOLIENNES ! FLOP DE NODET

2015-08-23 16:46

Vous voulez amener la zizanie dans un village ? Amenez des éoliennes ! », conclut une dame après trois heures de débat. Ambiance...


Ah oui ! Ça soufflait fort et il faisait chaud mercredi soir à la mairie. Les têtes rouges et bouillonnantes de questions chauffaient la salle, trop petite pour contenir la centaine de personnes venue s’informer sur le projet de 13 éoliennes entre Fienvillers, Gorges et Bernaville auprès des élus concernés et du promoteur. Dehors, certains écoutent du perron ; d’autres, assis sur le rebord d’une fenêtre, glissent une oreille à l’intérieur.

Le gong sonne donc à 19 heures dans une atmosphère pesante d’avant combat. L’équipe, qui se présente face à une assemblée de toute évidence chauffée à blanc, c’est deux bouts de femmes allemandes du promoteur Futur Energy et un jeune ingénieur d’Enercon, le constructeur.


Les maires, aussi silencieux que les propriétaires terriens
D’emblée, la pesée ne leur est pas favorable.

 

En face, dans les 100, il y a des taiseux, pas mal ; des qui apostrophent, un peu ; des questionneurs, quelques-uns ; des « spécialistes anti-éolien énervés » à la veine frontale surgonflée, une grosse poignée.

Ces derniers se sont faits docteur ès éoliennes et semblent mener un combat. Ils sont venus hurler contre ces néo-écolos du diable que sont les promoteurs éoliens.

 

Venus pour les faire avouer que l’éolien, eh oui, c’est un business et ça génère de l’argent. Soit. Comme toute économie finalement. Leur faire avouer aussi qu’ils travaillent en sous-marin, à la limite de la légalité, et qu’ils sont des requins cupides seulement motivés par l’argent, et pas tant par les énergies renouvelables. Et que leur solution de moulin à vent, c’est une supercherie.


Pour la plupart, ils semblent venir de Picardie ou d’ailleurs encore, et ne sont donc pas directement concernés par le projet du Bernavillois. C’est comme pour les 1000 vaches, on vient de loin pour manifester contre un projet local. À l’instar du théâtreux Jean-Marie Desachy de Lamaronde, un village au-dessus de Poix-de-Picardie. Peut-être crédible avec un discours théâtral et rodé sur les éoliennes et leurs lots de nuisances, il l’est beaucoup moins quand il conclut sur sa volonté de se présenter aux sénatoriales après son échec aux législatives. L’hameçon de la pêche aux voix est trop gros. Enfin, il y avait des maires, aussi silencieux que les propriétaires terriens, qui se sont étrangement rangés dans la catégorie des taiseux. Manquait cruellement à l’appel pour contenir tout ça : un maître de cérémonie. Dommage...
Les Allemandes comprennent bien assez vite que le public n’est pas venu enfiler des perles. « Je viens vous présenter un projet, que vous connaissez… ». Bronca immédiate dans la salle : « Non, non, non, c’est pas vrai, s’élève comme un seul homme l’assistance, personne n’était au courant ! »

"ça ne vous rappelle pas le maire d'INNIMONT ?"

 

Et ça fuse de partout : « On s’est battu en 2006 à Gorges ! On n’en veut pas de vos éoliennes ! Z’avez qu’à les mettre chez l’maire !

 

Le premier projet a été abandonné, on pensait que c’était fini ! Le maire m’avait dit en mars qu’il n’y en aurait pas, j’ai des preuves ! ». « Moi aussi j’ai la preuve ici que le projet a été communiqué », se justifie le maire de Fienvillers, Alain Roussel, pour sa première et dernière prise de parole durant trois heures de réunion.
Plaidoyer à charge

Après, c’est simple, chaque explication du promoteur est contestée simultanément par l’assemblée, puis individuellement ensuite. Souvent les mêmes toutefois, les spécialistes. Qui demandent les bilans financiers de l’entreprise, parlent de la communication déplorable du projet, de la réalité des enquêtes publiques, du prix du démantèlement des éoliennes, de la dépréciation immobilière aux alentours, des élus corrompus, de la pollution visuelle, de la hauteur (un participant est venu devant l’assistance, schéma de la Tour Eiffel en main),du coût de production du mégawatt/heure… La présentation du projet est quasi impossible. Ses défenseurs doivent répondre à des plaidoyers techniques à charge.

Ça monte encore d’un ton jusqu’au dérapage d’un des « spécialistes énervés », sûr de la « fumisterie » et des « mensonges » des promoteurs et qui, bêtement, en hurlant sur la taille des fondations en béton des éoliennes, assène : «

Les Allemands ont construit des blockhaus. Moi je dis que les Américains, y z’ont pas fini le boulot ». Ambiance, ambiance...


Les filles semblent incrédules, voire inquiètes face à l’agressivité de l’assistance. Au début, Laurent Saumon, maire de Bernaville, se pose vite en bouclier entre les deux et va goûter au feu des participants. Echaudé, il terminera la réunion à chercher on ne sait quelles preuves sur sa tablette numérique.


Ambiance électrique donc, si bien que la réunion a bien fini par tourner court avec le départ du promoteur vilipendé. Il restera néanmoins pour passer une batterie de tests : « Combien de m3 de béton et quelle densité il a ? Combien de tonnes ?

Où elles sont vos usines ? Vous en faites quoi de l’huile utilisée ? » Toutes réponses, bonnes, hésitantes ou jugées nulles étaient sanctionnées par des « Ce n’est pas vrai ! » et des sourires entendus.

Si on peut regretter la virulence du débat , il a néanmoins le mérite d’être porté sur la place publique et traduit aussi des inquiétudes légitimes. Mais les vrais locaux, finalement moins audibles que ceux qui font du prosélytisme anti-éolien, ont peut-être manqué les bonnes questions : « Si le projet n’est pas encore bouclé, comment l’annuler ? Si les habitants se manifestent lors de l’enquête publique, peut on annuler le projet ? Peut-on encore revoir le projet pour que les éoliennes soient à plus d’un km des habitations ? Que faites vous avec les 170 000 € ? » Baiser la taxe d’habitation par exemple, non ?