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2012-02-18 14:50

Qui a volé le téléphone de DSK ?

« M. Strauss-Kahn n'était pas espionné par la police française ! C’est scandaleux de le prétendre aujourd’hui… », vient de déclarer le ministre de l’Intérieur au JDD. Et pourtant, on peut s’interroger…

Dans ce marmitage médiatique autour de DSK, le plus troublant, c’est ce téléphone qui a mystérieusement disparu dans la suite présidentielle du Sofitel de New York.

http://moreas.blog.lemonde.fr/files/2011/12/DSK-sans-son-t%C3%A9l%C3%A9phone_Atl...

Cela pourrait bien être le nœud de l’affaire. Or, avec le recul, il semble que l’on ait un peu vite zappé sur cette disparition : une pièce du puzzle qui s’emboîte pilepoil dans cette matinée du 14 mai 2011.

M. Strauss-Kahn aurait, explique le journaliste américain Edward Epstein, appelé son épouse avec cet appareil à 10 heures 07, pour lui dire qu’il avait un gros souci avec son BlackBerry, et qu’il désirait le faire examiner par un technicien dès son arrivée à Paris. À 12 heures 28, il quitte l’hôtel. 23 minutes plus tard, pratiquement au moment même où Nafissatou Diallo est prise en charge par le service de sécurité de l’hôtel, l’appareil est désactivé. Ce n’est donc pas lui qui l’a éteint, puisqu’il ne l’avait plus.

Si C pas DSK, CKI ?

Pour tout un chacun, la perte ou le vol de son mobile est un coup dur. On peut y perdre des choses essentielles, comme ses contacts ou ses applications, mais surtout, c’est un bout de sa vie privée qui risque de tomber entre de mauvaises mains. Alors, imaginez, pour le directeur du FMI…  C’est tellement vrai qu’un représentant du Fonds s’est présenté devant les policiers new-yorkais afin d’en demander la restitution. Car on peut faire avouer bien des choses à la mémoire interne d’un téléphone. Ce que les spécialistes appellent la rétro-ingénierie. Toutefois, le plus intéressant, pour quelqu’un de malveillant, ce n’est pas d’autopsier un téléphone, mais l’usage qui en est fait. Et là, c’est beaucoup plus simple.

Aujourd’hui, même si c’est illégal, l’espionnage d’un mobile est un jeu d’enfant. Pour cela, il suffit d’un petit logiciel. Une entreprise suisse tient la corde dans ce domaine. Pour quelques centaines d’euros, elle vous envoie un mail avec une clé pour le téléchargement, le mode d’emploi, et des codes pour accéder à l’espace privé qu’elle vous réserve sur son site. C’est sur cette page qu’il sera possible de suivre en live l’activité de l’appareil placé sous surveillance : lire les SMS et les mails, consulter la liste des appels sortants et entrants, suivre les déplacements GPS sur une carte... Quant aux conversations, elles peuvent être écoutées en direct sur son propre téléphone. Il est même possible de transformer le mobile piégé en micro d’ambiance, ce qui permet de suivre les conversations en dehors de toute communication. Les flics en ont rêvé…

Le portable est un tel cafteur que la société Thales, qui travaille pour la Défense nationale, a été chargée de se pencher sur le problème. Et elle a mis au point l’appareil le plus sûr du monde (?), le Teorem,

http://moreas.blog.lemonde.fr/files/2011/12/T%C3%A9l%C3%A9phone-Teorem-de-Thales...

réservé, dans un premier temps, au président de la République et aux membres du gouvernement. Extérieurement, il a un petit côté rétro, mais à l’intérieur, c’est le must, avec des composants cryptographiques de toute dernière génération. Un bijou dont même le prix est classé top-secret. Là, c’est Dominique Strauss-Kahn qui doit en rêver…

Alors qu’il dirigeait le FMI, le personnage était un véritable globe-trotter. Toujours la valise à la main (j’ai dit la valise). Donc, pas moyen de l’espionner par des méthodes classiques. La « réquise » à Orange, comme pour obtenir les fadettes d’un journaliste, ça ne marchait pas. Le seul moyen était de bidouiller son BlackBerry. Il serait, nous dit-on, tombé du placard en apprenant que l’un de ses messages avait mystérieusement atterri sur le bureau d’un membre de l’UMP. Le parti a démenti. Mais cela n’a guère d’importance, car ce détail lui aurait mis, si j’ose dire, la puce à l’oreille. Par parenthèse, on peut s’étonner de la naïveté de l’un des hommes les plus puissants de la planète et de l’incapacité des services de sécurité du FMI... En tout cas, les policiers qu’il fréquentait à l’époque n’étaient pas de bon conseil, du moins en ce domaine. Cependant, d'après Libération, le commissaire Lagarde l'aurait avisé qu'il était sur écoute. La DCRI, par exemple, sensibilise les hommes politiques ou les hommes d’affaires, notamment lorsqu’ils se déplacent à l’étranger. Premier conseil : ne jamais se séparer de son mobile. Et si c’est une condition imposée (ce qui est de plus en plus fréquent, tant l’espionnite gagne tout le monde), par exemple avant une réunion, elle recommande de retirer la batterie et la carte SIM. Ce qui entre nous n’est pas évident. L’Iphone va-t-il faire renaître la mode de l’épingle au revers de son veston ?

Donc, pour en avoir le cœur net, dès son arrivée en France, DSK compte faire examiner son BlackBerry par un technicien de confiance. Et si les choses s’étaient déroulées comme ça… On peut imaginer, comme dans la série Fringe, un univers parallèle où les gros titres de la presse n’auraient pas fait de lui un pervers accusé de viol, mais un homme politique d’envergure internationale, chouchou des français pour les Présidentielles, victime des barbouzes de son propre pays. Un scandale à l’envers. Ainsi va le monde parallèle…

Mais revenons sur terre. Si son téléphone était piégé, pour éviter le scandale, il était donc indispensable d’effacer de toute urgence les traces d’espionnage. Soit en l'empruntant quelques minutes, le temps de supprimer le logiciel pirate, soit en le dérobant. Tout cela avant que l’intéressé ne pose le pied sur le sol de notre beau pays. Une décision à prendre en quelques heures... Il fallait donc improviser. Ce qui va à l’encontre de la théorie du complot. On serait juste alors dans une minable affaire d’espionnage. Et le reste ne serait qu’un concours de circonstances. Une opportunité à saisir pour les opposants à M. Strauss-Kahn. Qu’ils soient en France ou aux États-Unis. Tout seul, il s’était mis la tête sous l’eau, on n’allait quand même pas lui tendre la main…

Ce n’est qu’une hypothèse parmi tant d’autres, mais je trouve l’histoire intéressante. Et dans ce cas, qui a volé le téléphone de DSK ? Les Français, les Américains, les Russes… Des tas de gens avaient intérêt à surveiller le directeur du FMI. Et même la justice, puisqu’il apparaissait dans l’affaire du Carlton de Lille. Or, dans une enquête pour proxénétisme en bande organisée, la loi permet aux juges de pirater le téléphone des protagonistes. Mais attention à bien faire la différence entre pirates et corsaires. Les premiers sont des brigands et les seconds sont mandatés par le Roi