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2012-02-19 21:20

 DISCOURS  À  PÉKIN TRADUIT EN FRANÇAIS


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Discours DSK Pékin en français
Je tiens d’abord à vous remercier de m’avoir invité ici, pour parler à Pékin. C’est un moment important, et c’est surtout un très bon endroit pour parler de la crise de l’économie mondiale.
Comme chacun sait, la crise actuelle a des causes lointaines et des causes plus proches. La crise en Europe est liée au niveau de la dette. J’y reviendrai plus tard.

1. Mais commençons par le problème structurel.

1.1. Nous vivons un changement radical dans l’économie mondiale.
la mondialisation, qui est un fait et une «donnée», une partie de la façon dont nous vivons, mais nous vivons la fin d’une période singulière.
Pendant des siècles, je pourrais dire des millénaires, le pouvoir économique a été fortement corrélé avec la quantité de main-d’œuvre existante. Bien sûr, l’innovation et la technologie aux mains de quelques uns pouvaient modifier temporairement l’équilibre du pouvoir, mais après une courte période de temps ces nouvelles technologies étaient disponibles pour tous, et l’équilibre était rétabli.
• Toutefois, ces deux derniers siècles ont été une exception historique à cette règle. Pour la première fois de l’histoire de l’humanité, certains pays, une petite proportion du total, ont réussi à garder pour eux-mêmes la nouvelle technologie qu’ils avaient inventée ou adaptée, et ils l’ont utilisée pour dominer le monde. L’histoire globale du 19e et 20e siècles est une histoire de la domination occidentale basée sur des technologies propriétaires. Ce fut également le cas pour les industriels ainsi que pour les technologies militaires

• Cette période, cette singularité, touche à sa fin. Nous sommes de retour à la tendance à long terme. Les technologies ne peuvent être conservées, le secret n’existe plus. L’éducation, les transferts de technologie volontaires, la circulation des personnes, et aussi l’espionnage industriel (y compris l’utilisation de l’Internet) ont contribué à répandre l’information.
Bien sûr, ce processus ne se déroule pas rapidement. Il faut du temps pour revenir à la normale, le processus de changement peut prendre plusieurs décennies. Mais le mouvement ne peut pas être arrêté. Nous pouvons envisager la fin de l’ère de l’exception technologique.

1.2. Cela signifie-t-il la fin de la période de domination par les économies avancées?

• Est-ce que cela signifie que les grands pays, comme la Chine ou l’Inde, vont inexorablement devenir les superpuissances des décennies à venir? Peut-être, mais la technologie seule ne suffit pas pour accomplir cette transition. L’ensemble de la société doit être en mesure de tirer profit du processus d’innovation. La diffusion de l’innovation dans toute l’économie repose sur l’existence d’une société plus inclusive, où la créativité peut s’épanouir. Il est peu probable que les anciennes politiques de technologie axée sur l’état seront appropriées à ce second défi. La success story américaine repose sur la technologie ainsi que l’entrepreneuriat, qui à son tour exige de la créativité débridée.

Voilà donc ce qui est en jeu aujourd’hui. Pendant deux siècles, nous avons connu une situation incroyablement bizarre où certains pays (dont l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et, bien sûr, les Etats-Unis) ont pu jouer un rôle démesuré en dépit du fait qu’ils représentaient une faible partie de la population et de la superficie du globe. (Cela est vrai même pour les Etats-Unis).
• Combien de temps cela prendra pour revenir à la normalité? Je ne sais pas. Mais ça va arriver. Et qui va prendre la tête? Probablement les pays ayant les plus fortes populations, comme cela a toujours été le cas;
à condition qu’ils soient en mesure de rattraper leur retard sur le plan technologique (et personnellement je n’ai guère de doute à ce sujet), et peuvent développer un modèle de société inclusif et suffisamment libre pour stimuler la créativité. Ceci est le réel défi. Ces deux tâches sont les deux clés d’égale importance qui permettront d’accéder à la meilleure compétitivité.
C’est la compétitivité qui est vraiment la question de l’économie mondiale, aussi longtemps que les liens entre les différentes parties de l’économie mondiale fonctionnent bien.
Ces liens ont un nom – le système monétaire international (SMI)

2. Cela m’amène à mon second point. Est-ce que le SMI (IMS en anglais NDLR) fonctionne correctement? Et sinon, que doit-on faire pour l’améliorer?

Ceux qui contestent mon affirmation que l’IMS n’a pas un fonctionnement optimal utilisent les arguments suivants: Ils disent que, après tout:
- l’ IMS actuel a permis des progrès remarquables dans l’économie mondiale, ainsi que l’intégration financière.
- A favorisé une forte croissance mondiale du niveau de vie.
- A récemment survécu à une crise financière mondiale aux proportions historiques.

Je réponds que ce système a également présenté des symptômes d’instabilité, comme on le voit par:
- Les crises fréquentes, la persistance de déséquilibres des comptes courants et des taux de change très instables.
- Les flux de capitaux volatils et la volatilité des devises.

Ces symptômes d’instabilité ont été – de surcroit – la source de tensions qui, si aucune réponse n’est apportée, vont menacer les progrès de la mondialisation. Nous devons nous attaquer aux causes profondes de ces instabilités.

Quelles sont ces causes ? J’en vois quatre:
- l’absence de mécanismes efficaces d’ajustement mondial,
- la volatilité des flux de capitaux,
- l’accès limité aux liquidités mondiales,
- la faiblesse de l’offre de «sécurité» globale, quelle que soit la classe d’actifs.

2.1. Comment pouvons-nous promouvoir un ajustement mondial efficace?

La coopération est une réponse évidente. Ce fut le cas pendant la crise de 2008, mais l’élan est aujourd’hui disparu, malgré les efforts déployés par le FMI et le G20.
La surveillance du FMI devrait être un instrument clé dans la promotion effective d’un ajustement global. Mais en pratique cela n’a pas toujours été le cas. Pourquoi? La conception de l’IMS n’est pas seule coupable, les pays (sauf pour la politique de taux de change) n’ont aucune obligation de rendre leurs politiques compatibles avec la stabilité systémique. Cela ne semble guère attractif dans notre monde interdépendant. Ainsi, les obligations multilatérales des pays devraient être renforcées, et aussi leur responsabilité en cas de non respect des règles établies.
Ces questions se posent tant au niveau mondial que régional, et notamment au niveau de l’UE.

2.2. Peut-on rendre plus surs les flux de capitaux entre pays?

La question est souvent présentée comme l’une des principales inquiétudes des économies émergentes. Cela est vrai, bien entendu, mais chaque décideur politique, dans chaque pays, devrait s’en préoccuper. La majeure partie des flux de capitaux transfrontaliers se produit entre économies avancées, et ces dernières années ont montré que les économies avancées ne sont pas à l’abri des bulles d’actifs et des effondrements associés à des flux importants de capitaux volatiles. Ceci suggère que le bon fonctionnement du SMI dépend avant tout de flux de capitaux transfrontaliers ordonnés.
Mais il n’y a aucune organisation en ce domaine: les flux sont pilotés par chaque pays selon des objectifs politiques (en matière monétaire, prudentielle et de comptes de capitaux) qui ont jusqu’à présent mis l’accent sur le seul objectif de stabilité intérieure.
Il est donc opportun de se poser la question de l’utilité d un « code de la route financier » mondial? Les flux entrants ne sont pas la seule question, on doit également garder à l’esprit les flux sortants. C’est la raison pour laquelle il y a un besoin urgent de coopération, que ce soit pour les pays sources ou pour les pays destinataires, (en gardant à l’esprit le fait que la plupart des pays sont à la fois sources et destinataires). Que signifie le terme «coopération»? Nous avons besoin de mécanismes de coordination des macro-politiques en temps de crise, tout comme nous l’avons fait en 2009. Pourquoi ne pas mettre en place des mécanismes de coordination entre pays sources et pays destinataires de capitaux ? C’est précisément le type de coopération internationale que les fondateurs du FMI avaient en tête.

2.3 Comment peut-on améliorer la liquidité mondiale ?

C’est la question du « filet de sécurité financier mondial » que le FMI et le Gouvernement Coréen ont soulevé durant la rencontre du G20 à Séoul en Novembre 2010.
Depuis la crise de 2008, nous avons parcouru un long chemin en améliorant les provisions de liquidité en période d’extrême volatilité. Les banques centrales ont fait leur travail et les ressources du FMI ont augmenté de façon significative.

Mais la taille de la production mondiale, le volume du commerce et des flux de capitaux rendent insignifiantes les ressources du fond. Elles doivent être augmentées de façon conséquente. En l’absence de ressources du FMI correctement dimensionnées pour ce défi, beaucoup de pays, à juste titre, ne sont pas convaincus que le filet de sécurité mondial est assez résistant. Donc l’accumulation couteuse de réserves continue.

Que peut-on faire d’autre ?

Une importante voie à explorer est le renforcement des partenariats financiers régionaux : par exemple l’UE, ou l’initiative de Chang Mai (CMI).
Une autre voie possible est d’améliorer les prévisions de mise à disposition de liquidités systémiques au lieu de laisser cette tâche exclusivement aux banques centrales, qui ont toujours à faire face à la contradiction entre objectifs nationaux et objectifs mondiaux.

2.4. Comment favoriser la diversification des actifs de réserve?

La demande de classes d’actifs mondiaux sûrs a augmenté plus rapidement que l’offre. Ceci reflète le fait que les actifs monétaires mondiaux et financiers sont moins diversifiés en termes de devises que ne l’est le PIB mondial. Il serait possible d’améliorer la stabilité du système en encourageant une plus grande utilisation internationale des devises autres que les 4 monnaies actuellement présentes dans le panier du DTS (Droits de Tirages Spéciaux). Un système multipolaire ne serait en aucun cas un problème. Il pourrait y avoir également d’autres changements utiles à considérer pour les DTS , y compris :

-L’augmentation de stock mondial de DTS afin de répondre à la demande de réserves de précaution

-L’utilisation des DTS comme référence pour le commerce mondial, ainsi que pour libeller les actifs financiers.

-L’émission d’obligations libellées en DTS par les pays souverains et les institutions financières internationales ;

-Et même si c’est une « Idée Folle », comme je l’appelle, l’émission d’obligations en DTS sur les marchés publics. L’idée est que le FMI émette ses propres obligations libellées en DTS afin d’augmenter ses ressources propres, créant « de facto » un nouveau marché en DTS.
Sur cette voie nous rencontrerons un nombre important de difficultés techniques. Mais le principal obstacle demeure la nécessité d’une avancée majeure en matière de coordination des politiques internationales.

Pour conclure cette section, je dirais que le SMI actuel n’est pas inefficace mais qu’il possède de sérieuses failles. Si elles sont laissées en l’état, elles rendent le système entier vulnérable.

3. Abordons mon dernier point, l’épicentre de la crise actuelle : La dette de la zone Euro

3.1 Cette crise est bien sûr une crise de la dette.

Mais c’est plus encore une crise de la croissance, du secteur bancaire, et pour certains pays, de la compétitivité.

Le niveau élevé de dette publique serait un problème en soi, même si le ratio d’endettement Européen est à un niveau similaire à celui des Etats-Unis. Mais la particularité de la faiblesse structurelle européenne vient du fait que durant les années de forte croissance, les bénéfices ont été dépensés plutôt qu’utilisés pour réduire la dette. Donc la question est de savoir si oui ou non, les principaux pays Européens seront capables de réduire leur niveau de dette en utilisant les ressources provenant de leur future croissance ? Et encore davantage, s’il y aura réellement croissance ? Les perspectives ne sont pas bonnes, c’est le moins que l’on puisse dire.

3.2 Au dessus du problème de la dette, nous observons le problème de la mise en place d’une politique d‘austérité, alors que les politiques d’austérité, qui semblent être l’actuel « mantra» européen serviront à rendre le ratio d’endettement pire et non meilleur.
Ajoutez à cela un secteur financier qui n’a toujours pas été assaini, qui est en outre, menacé par la détention d’importants montants de dette publique d’une valeur douteuse, et qui, en se conformant aux exigences basées sur les ratios en capital de Bâle III, est en pratique, en train de réduire la valeur du dénominateur (Consentir moins de prêts) plutôt que d’augmenter celle du numérateur (Recapitaliser) et vous avez une parfaite tempête. Tempête qui assaille en ce moment les économies de la zone Euro.

3.3 Dans ce contexte, la position des leaders politiques Européens a, d’abord, été le déni du problème.

Le FMI n’était pas au départ le bienvenu car les européens croyaient qu’ils étaient capables de résoudre le problème eux-mêmes. Puis, Ils semblaient avoir parcouru un long chemin quand il apparût, en Mai 2009, que le FMI n’était pas seulement utile mais essentiel. Mais le FMI a été traité à ce moment là comme un partenaire junior, et quand le Fond argumenta que l’échéance de l’emprunt grec devait être plus longue et le taux d’intérêt plus bas, de façon à ne pas ‘tuer’ la croissance, son point de vue ne prévalut pas.

Chacun des leaders européens se concentra sur le niveau de la dette, et personne ne voulut porter une attention suffisante au problème de compétitivité – la clé réelle de la croissance.

Comme c’est souvent le cas, le problème de la solvabilité à long terme fut occulté par le problème de la liquidité à court terme. L’attention a été portée sur l’issue la plus facile politiquement, aux dépens du problème fondamental. Les leaders politiques étaient dans le déni. Ils y sont toujours.

Parce que des erreurs politiques ont été commises par les gouvernements grecs (et cela est également vrai pour d’autres pays au delà de la Grèce, comme le Portugal), des milliards d’Euros ont été perdus. Mais la responsabilité de cette perte ne peut pas être uniquement attribuée à ces pays.

La surveillance de la zone euro a été remise en cause par ce qui s’est passé, ainsi que, dans une certaine mesure, la surveillance du FMI. Par conséquent, Il est tout simplement équitable de partager le coût entre tous les membres de la zone. C’est la meilleure chose à faire. Ce n’est pas simplement équitable, c’est également réaliste. Il est en effet tout à fait irréaliste de penser que l’autre choix peut en tout cas, fonctionner. La perte est trop importante pour être remboursée par la seule Grèce.

L’autre alternative, comme le PIB de la Grèce ne représente que 2% du PIB de la zone euro, est que les coûts peuvent être partagés entre tous les membres de l’UE, même si ce n’est pas sans douleur.

Mais l’idée de base, le choix initial retenu n’a pas été cela. La zone euro n’a pas été considérée comme une zone de solidarité, comme toute union monétaire devrait l’être. Il a été demandé aux Grecs de payer pour leurs erreurs, de payer des intérêts supérieurs au coût des emprunts réalisés par les partenaires européens.

Pourquoi ? Parce que personne ne voulait reconnaitre la perte même si les résultats du déni pouvaient être, et ont été, d’accroitre cette perte.

Les pays européens sont maintenant en train de passer d’une alternative à l’autre, d’un sommet de la dernière chance à l’autre, n’acceptant ou ne reconnaissant toujours pas leurs pertes, ne permettant pas à la croissance de redémarrer, et par conséquent, échouant à restaurer la confiance en l’avenir.

3.4 Le dernier épisode à Bruxelles, le 9 Décembre, a juste été un exemple de plus, dépeçant jour après jour les restes de confiance que les investisseurs et les prêteurs potentiels peuvent avoir dans les capacités des politiciens à résoudre la crise.

Sur le court terme, le plan de Bruxelles ne résout pas le problème de liquidité

Le rôle de la BCE est toujours celui défini dans le traité. Il est juste de dire que la BCE a bien joué jusqu’à maintenant, mais la BCE reste la seule banque qui n’est pas un prêteur de dernier ressort.

Or, Le risque est un risque de défaut, et non pas un risque de monétisation.

Le scénario inverse peut encore se produire. Il est possible que, face à une crise imminente de la zone euro bancaire, et devant la nécessité de refinancement de la dette d’Etat, la BCE puisse simplement décider d‘utiliser la « planche à billet » par des mesures non conventionnelles et d’agir comme une quasi réserve fédérale. Si la zone est vraiment au bord de la falaise, ce ne sera pas mauvais. Mais bien sûr cette politique aura d’autres inconvénients importants, et ne résoudra aucun des problèmes structurels. La falaise s’éloignera mais ne disparaitra pas.

Pour essayer d’éviter cela, un pare-feu (SFES + FME + FMI) de près de un trillion d’euro (sans effet de levier) a été annoncé, mais les 500 Milliards Euro de la FME n’existeront pas avant au moins six mois, ce qui est trop lointain.

-Les 200 Milliards d’Euros qui sont supposés venir du FMI sont dans les limbes tant que la Bundesbank argumentera qu’elle ne peut pas accepter sans l’implication des Etats Unis, ce qui n’arrivera pas.

- un possible complément pourrait venir des pays asiatiques qui sont prêts à apporter leur aide, parce qu’ils comprennent que diminuer le commerce et réduire les opérations à effet de levier des banques européennes est en train de porter atteinte à leurs économies. Mais la contrepartie demandée sera probablement dans le domaine des quotas et la répartition des voix à la direction du FMI, et là, nous faisons face à un nouveau déni européen.

Concernant le long terme, ce n’est pas tellement mieux.

Ce dont a besoin la zone euro est d’une vraie union fiscale. Il n’est pas nouveau que l’euro soit toujours « assis au milieu de la rivière ». Une union monétaire sans un budget central n’a tout simplement aucun sens. La question a été abondamment discutée en 1998 au lancement de l’euro mais sans accord sur une résolution.

Durant la première partie de la dernière décade, plutôt calme, le radeau a survécu confortablement sur une mer placide, mais avec la récente tempête il apparaît que le radeau n’est pas suffisamment robuste pour éviter de couler.

Ce dont la zone euro a besoin est à la fois d’un marché obligataire uni et d’une union fiscale, avec des institutions centrales fortes, et non d’un « pacte de super stabilité » Mais ce qui a été mis en place est seulement un « pacte de super stabilité » , comme Jens Weidmann, le Président de la Bundesbank l’expliqua clairement récemment. Ceci est peut être une bonne nouvelle pour la politique intérieure allemande, mais une très mauvaise nouvelle pour la population européenne.

Même le pacte de super stabilité est boiteux. La règle dite d’Or est source de confusion, car elle a déjà été interprétée et définie de plusieurs manières différentes et parce que le processus d’application des sanctions n’est pas clair.

Laissez-moi poser une question directe. Que pensez vous qu’il se passera si un pays refuse de payer ? Et s’il paye, ceci sera manifestement pro-cyclique. Ne vous méprenez pas sur mes propos. Je ne dis pas que les règles sont inutiles, mais ce qui rend la règle allemande crédible en Allemagne est que l’homme de la rue pense que cette règle est bonne, pas le fait que la règle est bonne en elle-même. Ainsi, je crains que la même règle transposée dans un autre pays de la zone Euro ne rencontrerait pas la même légitimité ni le même respect de la part de l’homme ou la femme de la rue des villes et des pays à l’Est, à l’Ouest et au Sud de Francfort.

4 Donc ou en sommes-nous ?

Aucun des problèmes principaux n’a été résolu : pas de budget central, pas de centre institutionnel, pas de prêteur de dernier recours, pas de politique monétaire globale (ce qui aurait aidé à résoudre le problème de compétitivité si l’inflation était comparativement plus faible chez le débiteur et les pays à problème), sans parler du manque de mobilité de ceux qui sont la force de travail.

La seule bonne nouvelle est que les Eurobonds (Euro -obligations) n’ont pas été bannis. Ceci est utile, même s’ils ne représentent qu’un outil parmi d’autres et non l’étape politique essentielle qui est nécessaire.

L’incapacité à gérer le cas Grec et d’autres cas similaires révèle les faiblesses politiques Européennes fondamentales. Je n’adhère pas à l’argument qui dit que, si le cas Grec avait été résolu, le problème se serait reporté sur l’Italie, pour au moins une raison : l’économie italienne peut vivre avec les taux d’intérêts actuels pendant une assez longue période, grâce à la longue maturité de sa dette. Je pense que, si, pour une fois, la zone euro montre qu’elle a correctement compris le problème, les marchés devraient suivre. Mais pas avant. Les prêteurs ne reviendront pas en l’absence de cet acte de reconnaissance politique.

Jour après jour le choix devient plus clair.

Nous, européens, pouvons essayer de rester au milieu de la rivière, tentant de continuer à faire rouler une croissante boule de neige de dettes, en supportant inévitablement une longue période de faible croissance avec ses accompagnements de turbulences sociales. Ou bien, nous pouvons essayer, comme plusieurs commencent à le suggérer, de retourner sur la berge et d’accepter le démantèlement, premièrement de la zone euro, puis ensuite comme je le crois, de l’Union. Dans ce cas, notre avenir est voué au déclin et à la soumission envers nos puissants cousins d’outre mer. Ou bien nous pouvons décider de faire la traversée vers l’autre berge, et c’est la meilleure chose à faire. Cela veut dire, continuer à construire l’Union Européenne, et bien que nous puissions appartenir à la nation française, à la nation allemande ou, oserais-je dire, à la tribu britannique, vus par un monde globalisé, et en particulier depuis Pékin, où vous et moi sommes aujourd’hui, nous soyons considérés comme des européens. Ensuite, le défi ne sera plus technique, il sera démocratique.