Refondation de l'école : les dindons prennent la parole

#24: debby du sud - Re: Re: Re: Re: Re: et les devoirs ?

"à mon époque" on apprenait à lire en méthode globale et le sida était une maladie "de pédés". A celle de mes parents on travaillait 45h par semaine et les gosses se faisaient tirer les oreilles, taper les doigts à la règle ou gifler par les instits. A celle de ma grand-mère, la femme n'avait pas le droit de vote. A Versailles on ne se lavait pas et on pissait derrière les portes. Et vous savez quoi aussi? A l'état préhistorique l'homme ne parlait pas et vivait dans des cavernes. Alors "pourquoi ce serait si mal aujourd'hui"? Ca s'appelle l'E-VO-LU-TION!

J'aime ce discours qui réclame des réformes et en réalité ne réclame qu'une chose: revenir à l'école d'hier qu'on idéalise parce qu'on n'en garde qu'un souvenir vague et mal informé.

"A votre époque" vous ne saviez sans doute pas que vos parents payaient ces heures d'études après la journée de classe et que l'enseignant qui s'en chargeait était payé en heures supplémentaires. Cet enseignant ne devait pas faire faire les devoirs mais surveiller que chacun travaillait dans le calme, et il pouvait vaquer à ses propres occupations professionnelles. Et on n'attendait pas de cet enseignant qu'il passe tout son temps libre à assister à des formations imposées soporifiques et à préparer des cours techniquement plus "haute voltige" qu'avec un livre, un tableau et une craie? A arriver à l'aurore à l'école pour vérifier que son matériel informatique, tableau interactif etc, fonctionne bien, sans quoi toutes ses préparations chronophages tombent à l'eau et il lui reste 15min pour inventer autre chose pour faire passer les mêmes savoirs?

Quand est-ce que les parents non profs vont un peu arrêter de penser que parce qu'ils ont passé qq années à l'école en tant qu'élève, ils en connaissent tous les rouages? Ca n'est pas parce que j'appuie sur mon interrupteur que je suis physicienne nucléaire! Ecoutez un peu ceux qui ont les deux pieds dedans, PAR PITIE!!! Sous peine de devoir un jour assurer ce service public qu'est l'école vous-mêmes! Assez de cette pression, d'un côté des ministères qui nous alourdissent la tâche sans cesse sans la moindre rétribution, et de l'autre côté les parents qui nous traitent de plus en plus de feignasses!!! Nous sommes devenus les numéro un des boucs émissaires, on fout rien, on coûte trop cher et on n'est pas efficaces et en plus on se plaint. La disparition de l'école publique gratuite ne me paraît vraiment pas loin quand je lis des discours pareils et quand je constate le profond découragement qu'il entraine chez les enseignants. On va finir par tous rendre notre tablier, d'ailleurs il n'y a déjà plus assez de candidats aux concours depuis plusieurs années, et une très grande proportion de mes collègues est en train de passer des bilans de compétences pour quitter le navire. A qui la faute? Sans doute qu'ils cherchent à glander encore plus en étant au chômage, vous allez me dire??