Pas les marronniers


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/ #198 Un arbre du patrimoine culturel français

2013-02-20 06:35

S’ils disparaissaient, les marronniers laisseront une trace, puisqu’ils appartiennent désormais au patrimoine culturel français. Outre l’inconscient collectif, marqué par les souvenirs d’enfance de batailles de marrons des cours d’école, les marronniers ont aussi une place de choix dans la littérature.

Dans « La Nausée » de Jean-Paul Sartre, c’est le marronnier qui déclenche par exemple l’étonnement philosophique du personnage de Roquentin :
« Donc j’étais tout à l’heure au jardin public. La racine du marronnier s’enfonçait dans la terre, juste au-dessous de mon banc. Je ne me rappelais plus que c’était une racine. Les mots s’étaient évanouis et, avec eux, la signification des choses, leurs modes d’emploi, les faibles repères que les hommes ont tracés à leur surface. [...] Le marronnier se pressait contre mes yeux. Une rouille verte le couvrait jusqu’à mi-hauteur ; l’écorce, noire et boursouflée, semblait de cuir bouilli. »

Chez Marcel Proust, la référence aux marronniers est récurrente. L’arbre du jardin de Combray est propice à l’introspection et à la lecture :
« Et ne voulant pas renoncer à ma lecture, j’allais du moins la continuer au jardin, sous le marronnier, dans une petite guérite en sparterie et en toile de fond de laquelle j’étais assis et me croyais caché aux yeux des personnes qui pourraient venir faire visite à mes parents. »