Pour un verdict plus approprié pour Guy Turcotte

Bien d'autres s'en sont tirés avec le même verdict, mais il ne faut pas oublier ici qu'on a affaire à un pervers narcissique, qui ne pense pas comme le commun des mortel.

Je raconte une histoire personnelle qui est derrière moi. Je n'écris pas ceci pour extérioriser quoi que ce soit, puisque j'ai réussi à m'en sortir, mais simplement pour faire comprendre ce que peut être le quotidien avec un pervers narcissique et la façon de penser d'un tel malade. Tant qu'on ne l'a pas vécu, on peut difficilement comprendre.

J'ai vécu durant 11 ans avec un pervers narcissique. J'ai été idiote d'être avec lui aussi longtemps ? Non, j'étais simplement complètement détruite, anéantie. Oh, ça vient à petit feu, toujours des allusions, rien de direct, il nous rabaisse sans jamais avoir l'air de le faire, nous fait douter de notre santé mentale (objets disparus puis réapparus, souvenirs entièrement déformés, etc.), ment constamment, même s'il sait qu'on sait qu'il est en train de mentir.

Vivre avec un pervers narcissique, c'est vivre l'enfer à petit feu. Sauf qu'aux yeux de tous les autres, c'est un être parfait. Le pervers narcissique arrive à charmer tout le monde en ayant l'air de ne rien faire, mais TOUT est calculé. TOUJOURS. Dans certains très rares moments où tu arrives à parler franchement avec lui, il te réponds froidement qu'il sait très bien qu'il s'amuse à simplement ruiner ta vie, qu'il n'est lui-même qu'une fausse parodie, que rien en lui n'est vrai, mais que tu n'y peux rien, que c'est comme ça qu'il est et qu'il ne changera pas. Il n'éprouve pas de remords. Il arrive à se faire croire de tous même s'il invente des histoire à dormir debout.

L'attention doit être centrée sur lui à 150 %. Au point de faire semblant de perdre connaissance pendant que les enfants déballent leur cadeaux à Noël. Au point de lancer une balle de toutes ses forces à un enfant de 2 ans pour ne pas perdre, quitte à blesser l'enfant. Au point de se blesser gravement lui même (giclées de sang sur les murs) pour faire croire qu'il a été victime d'un acte criminel. Ce qui l"amusait le plus, c'était de faire pitié aux yeux des autres. Plus les gens le plaignaient, plus il s'épanouissait - dans leur dos, bien entendu.

Et quand vient le temps de la séparation, c'est quasi impossible. Il me l'a déjà dit : Tu n'arriveras jamais à te débarrasser de moi. Cet être a plus d'un tour dans son sac. Cela m'a pris plusieurs années pour réussir à le quitter. Tu veux partir ? Il vide ton compte en banque, harcèle ton employeur, te fait perdre ton emploi, détruit tes relations. Il arrive, je ne sais comment, à convaincre tous ceux qu'il veut. Un exemple concret : tu vas signer un bail seule et il réussit à convaincre le propriétaire qu'il est colocataire et revient avec un bail où son nom apparaît à côté du tien. J'ai dû aller en cour pour obtenir une obligation de lui faire quitter les lieux. Ça m'a pris 3 avocats, les 2 premiers ayant abandonné la cause pour harcèlement - et pas de ma part.

Avant de partir, et après, il m'a complètement ruiné financièrement, m'a fait perdre mes emplois, a falsifié mon nom, m'a harcelée au téléphone près d'une centaine de fois par jour durant des mois, a réussi à entrer chez moi lorsque je n'y étais pas pour me voler mes biens les plus précieux émotivement (des pécadilles sans valeur financière) pour ensuite me téléphoner et me dire qu'il les avait pris, et tout ce que je raconte ici n'est qu'une très mince part de ce qu'il m'a fait subir.

Mais le pire, c'est qu'après quelques mois, durant lesquels il avait complètement ignoré ses enfants, voyant qu'il n'arrivait plus à m'atteindre, c'est au travers d'eux qu'il s'y est pris. Quand le téléphone sonnait, si je répondais, il raccrochait. Si un des enfants répondait, alors il leur disait très rapidement, de peur que je m'aperçoives de l'appel, de l'attendre tel ou tel jour, qu'il irait les chercher et les amènerait à Disney World, faire un tour d'hélicoptère, de Ferrari, etc. etc. bref, tous leurs rêves y sont passés. Les enfants refusaient de sortir s'amuser au cas où papa viendrait. Et évidemment, il ne venait pas, et c'était toujours pour une (fausse) cause majeure : papa a eu un accident, papa est à l'hôpital, etc., rendant les enfants doublement malheureux de ne pas avoir eu leur sortie extraordinaire et de souffrir de croire leur père en danger de mort.

Un jour où j'ai réussi à lui parler calmement, j'ai tenté de lui expliquer la peine qu'il faisait à son entourage, et il m'a répondu qu'il ne se sentait pas touché personnellement. Il m'a expliqué qu'il serait "moins pire" avec moi puisqu'il s'était fait une nouvelle blonde. Je lui ai dit tant mieux, je sais que tu as de belles qualités et que tu n'as pas besoin de mentir constamment pour réussir à obtenir une belle relation. Il m'a alors répondu qu'il était en train de lui faire la même chose qu'il m'avait fait ! Je lui ai dit : tu sais que tu es en train de détruire volontairement la vie d'une autre personne ? Il m'a répondu que c'était un besoin pour lui parce que ce n'était qu'en agissant ainsi qu'il arrivait à se valoriser lui-même !


Je pourrais écrire tout un roman sur des paradoxes insensés et que je n'aurais jamais cru possible, mais que j'ai connu avec lui.

Et depuis ma séparation qu'on me dit : c'est effrayant tout ce que tu lui as fait subir, pauvre lui, il était tellement parfait ! Tu avais tellement un bon gars entre les mains... Quand il est décédé, je n'ai pu verser une seule larme. Je ne ressentais que du soulagement. Quelle sans-coeur j'ai été aux yeux de mon entourage...

C'est au travers de ce que j'ai vécu personnellement avec un pervers narcissique que je suis absolument convaincue que Guy Turcotte, lui même déclaré pervers narcissique, a bien calculé tous les gestes qu'il a posé, en a soupesé les pour et les contre, et n'en a éprouvé absolument aucun remords. Je crois même que la publicité dont il a fait l'objet est pour lui une source de très grande fierté.