Pétition unitaire Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE)

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#1053 Re:

2013-11-30 10:42

#1032: -

l'inverse est vrai, la vraie question est qu est ce qui justifie une telle différence de traitement? Je serai curieux d avoir le point de vue honnête et dépassionné d enseignants en CPGE qui sont passés par les deux voies pour mieux comprendre. Je découvre certains traitements et j ai l impression que ce projet a vocation à opposer tout le monde. Néanmoins j espère que vous comprendrez que sans nier votre implication et vos qualités, j ai de la peine à adhérer à vos revendications. Vous me semblez attaché à vos privilèges sans réaliser que la situation a évolué. Aujourd'hui moins d'un étudiant sur deux rentre en école d'ingénieurs via les CPGE. Aujourd'hui en France, des milliers d'enseignants gèrent l explosion sociale à mille lieux du cadre feutré des prépas. Supprimer un avantage d'une minorité afin de financer une mesure pour le plus grand nombre me semble une mesure raisonnable dans un tel contexte économique.

Inutile de me traiter par le mépris en soulignant une faute d orthographe, ma méconnaissance du projet ou que sais-je encore car ma position reflète le point de vue de nombreux collègues. Je tenais à en faire part dans ce concert de louanges et d autosatisfaction.

 

 

Réponses

Tout n'est pas à jeter.

#1056 Re: Re:

2013-11-30 11:08:27

#1053: - Re:

Etant passé rapidement par l'enseignement en LEP/collège/lycée pour arriver en CPGE, je puis vous assurer que l'enseignement en CPGE est de nature totalement différente du reste de l'Education Nationale.

En CPGE, je peux faire quatre heures de cours sans pause (et dix heures dans la journée en comptant les colles), les élèves souffrent un peu mais ça ne grogne pas. Et si je fais une pause au bout de deux heures, le tiers de la classe ne sort pas et me pose des questions. Je peux dès la sortie des cours me mettre à mes copies.

En LEP/collège/lycée, je n'ai jamais essayé de faire plus de deux heures sans pause et souvent je devais laisser les élèves respirer dès la première heure passée. De plus, pour l'enseignant, il est des classes où une seule heure vous rince pour le reste de la matinée. Autant dire que se plonger immédiatement dans les corrections est intenable. Il faut souffler !

Les mérites sont différents, réels dans les deux cas. Rien ne justifie vraiment la différence de salaire et c'est pour cela que la paie de base est la même. Mais le prof de CPGE a pour "certaines matières plus méritantes" la possibilité de faire un grand nombre de H.S. et colles. Il faut bien penser à les récompenser, qu'on le veuille ou non.

Que Peillon souhaite revaloriser un peu les profs mis devant les classes difficiles me semble normal mais cela ne peut se faire au détriment des CPGE les plus étoffées.

On vient de trouver 20 millions d'euros pour les prostituées étrangères en situation irrégulière, pile-poil l'effort demandé aux profs de CPGE. Et l'on me dit que cet argent n'existait pas pour les profs de ZEP. Voilà, on sait aux yeux de ce gouvernement après qui et quoi on passe...


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#1065 Re: Re:

2013-11-30 12:02:50

#1053: - Re:

Quand quelqu'un nous attaque (car il s'agit d'une attaque, brutale, violente, sournoise, et dont la méthode douteuse fait ses preuves comme vous le constatez vous-mêmes autour de vous), il faut bien se défendre, non ?

A Jay

#1072 Re: Re:

2013-11-30 13:08:51

#1053: - Re:

D'où vient l'impression de mépris, de concert de louanges, et d'autosatisfaction, l'idée que les enseignants de prépa vont riposter par des remarques sur l'orthographe? C'est prêter des intentions infondées. C'est surtout révéler des sentiments bien trop personnels pour être entièrement convaincant.

Plus sérieusement, nous sommes là pour soutenir un système qui a montré sa valeur. Pourquoi opposer "le cadre feutré" des prépas à 'la réalité du terrain" d'autres collègues? C'est faire exactement ce que souhaite Peillon, afin de diviser le monde éducatif; c'est rentrer dans le jeu politicien.

Je suis passé par les deux systèmes, enseignement secondaire en collège difficile en Alsace, et ensuite lycée. Je suis entré en Prépa, non pas pour les "sous" mais pour le défi et la possibilité de servir les élèves différémment. Pendant que j'enseignais en collège/lycée je ne ressentais aucune aigreur à l'égard de mes collèges en prépa. D'ailleurs, je n'y pensais pas du tout. De plus, il n'y a aucune différence de traitement de base entre un agrégé de prépa et ses collègues dans le secondaire. Et s'il y en avait - avec des heures supplémentaires c'est le cas - pourquoi crier au scandale? Qu'on le veuille ou non, les enseignants de prépas sont hautement qualifiés, le plus souvent avec une thèse.  Les médecins généralistes souhaitent-ils que les pouvoirs en place réduisent le traitement des radiologues?

Et oui, on pourrait vous signaler que vous ne connaissez pas suffisamment le système. Votre dernier paragraphe ne vous dédouane pas. Dès que vous décidez de vous exprimer sur un forum, il vous incombe soit de vous renseigner de la manière la plus objective possible, soit de ne pas vous prononcer.

Il ne s'agit pas de "supprimer un avantage d'une minorité" mais la juste récompense d'un travail fait. Il n'y a pas à revenir dessus. Surtout pas en brandissant l'image de collègues en ZEP sous-payés. C'est absurde. Il ne peut y avoir de justice faite, si d'un autre côté il y a injustice. On ne met pas un terme à une injustice en en créant une autre. Il faut déjà être en mesure de montrer que les salaires bas des enseignants de ZEP ont leur origine sur la fiche de paie d'un enseignant de prépa.

Ayant vu les effets néfastes de réformes fondées sur un égalitarisme très douteux en Angleterre - je suis d'origine britannique et fier de la France qui a su, contrairement à l'Angleterre, préserver un système public d'excellence - je sais que toute "redistribution" de ce genre ne peut qu'aboutir à une dégradation de tout le système.

 

 


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#1075 Re: Re:

2013-11-30 13:45:41

#1053: - Re:

Rassurez-vous, les professeurs de classes prépa découvrent aussi ces traitements, qui sont aussi imaginaires que délirants. Les vrais chiffres (grilles de salaires, tarif des heures sup et des heures de colles) sont disponibles sur le site du ministère et ceux des syndicats.
Il est alors facile de constater que, dans une certaine presse, les valeurs sont doublées vorie triplées par rapport à la réalité des faits.

Petit rappel : le statut d'enseignant en prepa n'existe pas, notre grille salariale est celle des agrégés.


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#1077 Re: Re:

2013-11-30 13:53:23

#1053: - Re:

Ce qui justifie une telle différence de traitement :

  • un niveau de recrutement bien différent (agrégation, doctorat)
  • une quantité de travail bien supérieure (je le sais pour avoir fait les deux).
signataire

#1080 Re: Re:

2013-11-30 14:14:53

#1053: - Re:

Après 18 ans passés dans le secondaire, je vis ma première année en tant qu'enseignant d'hypokhâgne et peux donc vous offrir mon témoignage. Un premier point à éclairer est la fameuse "différence de traitement". Un enseignant en CPGE qui ne fait que ses heures ne gagne pas plus et même plutôt moins qu'un collègue du secondaire. Tel est mon cas : je gagnais plus dans le secondaire comme agrégé à 16h prof principal (9ème échelon) avec une HSA supplémentaire pour commune non limitrophe que comme prof de prépa à 9h qui fait lui-même à l'année 65h de colles. Mon salaire mensuel était de 3500€/mois, il descend à 3100€/mois. Ma quantité de travail elle a plus que doublé : je suis en fait au maximum de mes capacités. Concrêtement, le décret Peillon me mettrait en sous-service, de sorte que les 65h de colles ne me seraient plus payées (il faut 2h de colles pour compenser 1h de cours manquante), et mon salaire descendrait à 2800-2900€/mois. Ou alors il faudrait que j'ai une classe en plus, soit 50 élèves en plus, 2h en HEC ou 4h en hypokhâgne, soit dans le premier cas une heure sup et dans le deuxième trois : alors je gagnerais davantage qu'aujourd'hui, mais pour une charge de travail phénoménale que je me sens incapable d'assumer, et avec la mauvaise conscience de contribuer activement à des suppressions de poste. Suis-je un cas isolé? Dans le lycée où j'enseigne à Paris, la majorité des collègues en lettres n'ont aucune heure supplémentaire et ne gagnent donc pas davantage que leurs collègues du secondaire. Un deuxième point est de ne pas oublier la différence d'âge et d'ancienneté. La moyenne d'âge des enseignants en classe prépa est plus élevée qu'ailleurs : la différence de salaire s'explique aussi par l'ancienneté. Un troisième point est que outre une baisse de salaire pour la même quantité de travail - qui dans le secondaire ou le primaire l'accepterait? On voit bien que ceux qui ne sont pas choqués voire réjouis que cela puisse arriver aux profs de prépa présupposent que ceux-ci sont bien plus payés qu'eux et sans raison valable- la réforme Peillon produirait à terme des suppressions de poste bien réelles, pas seulement en prépa mais potentiellement aussi dans le secondaire, en mettant une catégorie de personnel au pied du mur face à un sous-service : accepter une classe supplémentaire, de prépa ou de lycée. Elle est dans la droite ligne de la réforme des lycées qui a de fait imposé à nombre de collègues une classe supplémentaire. J'ajouterai pour finir, en tant qu'enseignant, qu'une réforme de notre statut n'ayant lieu que tous les 60 ans, si on laisse la réforme Peillon passer et s'autoproclamer revalorisation du métier d'enseignant, on est bien peu regardant quant à la valeur que l'on se reconnaît...


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#1090 Re: Re:

2013-11-30 15:27:08

#1053: - Re:

je ne suis pas prof, et pas prof en cpge donc

je pense que parler de "privilèges" est exagéré, vraiment

pour moi, en bas de la classe dite moyenne, avec un mari ouvrier non qualifié (comme on dit dans les CSP) je m'y connais en "explosion sociale"

c'est une chance pour ma seconde fille, qui est bonne élève, d'avoir été admise en cpge: nous n'avons pas les moyens de lui payer une prépa ou une fac privée;c'est pour elle un vrai "ascenseur social" et évidemment ce que nous ses parents souhaitons puisqu'elle le souhaite

un salaire de 2500 à 5000 (après 30 ans de carrière dont pour beaucoup une première partie justement là où se trouve l'explosion sociale) ce n'est pas un exhorbitant privilège. Surtout quand je vois l'investissement des professeurs dans ces classes. De toutes façons je ne vois vraiment pas en quoi baisser le salaire de quelqu'un sous d'aussi hypocrites prétextes faussement égalitaires est une bonne chose. A terme: facs et prépas privées, droits d'inscriptions à 5000 euros, ça ne va en rien aider "l'explosion sociale". Les plus riches continueront à faire des études, les enfants de gens comme nous ne pourront plus

je ne comprend vraiment pas votre raisonnement: nous tirons le diable par la queue et il faudrait que nos enfants continuent?

PR

#1108 Re: Re:

2013-11-30 16:55:47

#1053: - Re:

Qu'est ce qui justifie la différence? Peut-être, par exemple, les heures faites chaque week-end (nous sommes samedi, il est 18h, je viens de finir de préparer la semaine à venir... Demain, je corrige mon paquet de 37 copies. Chacune d'elles représente 4h de travail (DS) d'un étudiant qui, l'année prochaine, sera en première année à Centrale, aux Mines, dans une CCP, etc. Il y a de quoi lire...

Lorsque j'ai décidé de faire ce métier, j'ai démission de l'école des Ponts pour entrer à l'ENS. Quel serait, à votre avis, mon salaire aujourd'hui si je n'avais pas fait ce choix? Je n'en demande pas autant, mais je refuse d'être méprisé et traité de privilégié.