#16: julien -

Salut Julien !

N'as-tu pas entendu parler des "régularisations-extensions" dans les élévages de porcs ?

Construire une usine de méthanisation près d'un site Natura 2000, tout près d'une zone humide et d'un cours d'eau est une aberration.

De quels déchets parle-t-on ? Du lisier de la porcherie industrielle hors-sol du Gibit qui n'est pas méthanogène mais dont les parties azotées vont être davantage dégradées en ammoniac, avec toutes ses nuisances ? Les porteurs du projets avouent eux-mêmes qu'ils sont à la recherche de déchets riches en carbone, style graisses animales. Les déchets verts sont riches en lignine, peu méthanogène...

Une partie de l'énergie produite servirait à chauffer des serres, elle serait donc gaspillée dès les beaux jours...

OK donc pour la méthanisation, sur un site adapté, avec des intrants maïtrisés et pérennes, une fourniture d'énergie pour des besoins justifiés et un plan d'épandage des digestats apportant une fertilisation équilibrée.

A galon vat, bien cordialement.

#31: André -

bonsoir André,

Oui, j'ai entendu parler des extension regularisation de porcheries.Je suis fils d'agriculteur en retraite, éleveur de porcs. J'ai travaillé 8 ans en élevage en BZh et a l'étranger, et fais mes études supérieures (bts ACSE, gestion des exploitations agricoles) . Et je suis passé aux énergies renouvelables (photovoltaïque et bientot méthanisation,cf mon post n° 16 plus haut pour ceux qui nous rejoignent) par une opportunité, et aussi car j'ai vu les limites de ces systèmes, a savoir se spécialiser a outrance, et être dépendant de marchés mondiaux volatiles.

Les régularisations extentions interviennent car il est indispensable pour ces élevages de s'agrandir afin:

-de créer des économies d'échelles qui permettent d'être compétitif dans un marché mondial, où les règles ne sont pas les mêmes pour tous les acteurs, ainsi que d'absorber les coûts liés aux mises aux normes environnementales, et traitement de lisier (si vous allez a l'Est de l'Europe ou au USA, ils vont vous rire au nez si vous leur dites qu'il faut investir 1 000 000 d'euros pour avoir juste le droit d'exploiter).

- Et de maintenir de l'emploi en Bretagne, car c'est bien là la finalité. un agriculteur fait vivre 5 personnes, qu'on le veuille ou non. Et du point de vue de l'Etat, qui encadre ces régularisations- extentions, les récentes fermetures d'abattoir/ manif bonnet rouge, ils n'aiment pas. Après chacun se fait son avis là dessus, mais c'est un fait.

Après avoir fait ce constat, je sais également que certains agriculteurs ne peuvent tout simplement pas sortir de ces systèmes, et que c'est une marche en avant (vers peut être le gouffre) car tous les 2 jours le banquier, les fournisseurs appellent pour demander comment on paye les factures, que ces gens ont une famille a faire vivre et des créances a payer, comme tout un chacun, et qu'ils ne peuvent pas tous tout changer du jour au lendemain.

Or, les projets de méthanisation leur permettent de DIVERSIFIER leurs revenus, et peut être enfin d'avoir les moyens  FINANCIERS pour modifier leurs systèmes.

Pour en revenir à ce projet, La méthanisation n'abat pas l'Azote (CAD ne le fait pas disparaitre). Un méthaniseur est comme un gros estomac, avec des bactéries qui mangent les produits déversés dedans, et qui dégagent du méthane, et de la chaleur. Le méthane peut être directement incorporé dans un gazoduc, et donc consommé par les habitations environnantes, ou brulé pour faire tourner un générateur électrique. Chauffer les serres, c'est utiliser la chaleur produite par le procédé ( chaleur dégagé entre 45 et 60 deg). Donc utiliser un sous produit de la méthanisation. Et a la suite du procédé, on se retrouve avec un engrais ORGANIQUE, riche en Azote, que les agris peuvent utiliser pour fertiliser leurs cultures. Voir le post de Griotte #43, il a tout dit.

pour tous les détails techniques, WIKIPEDIA http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9thanisation.

Installer un méthaniseur près d'une plate forme de compostage a un intérêt évident, celui de limiter le trafic des camions (le plus important), et de ne pas détruire les routes (accessoire, mais ça c'est pour le contribuable qui ne manquera pas de dire on paye pour ça).

Je  fais cette intervention  pas juste pour vous répondre André, vous l'aurez compris, mais surtout pour défendre les agriculteurs, que je cotoie tous les jours dans mon métier, et qui se demandent aujourd'hui qui veut bien d'eux encore en Bretagne. Or, c'est bien eux qui l'ont fait, cette Bretagne. Pas toujours de la bonne manière, mais ils ont eu le courage de prendre les problèmes a bras le corps. Les progrès dans la nature ne se font pas d'un jour a l'autre (CF en toile de fond les algues vertes, pour lesquelles on ne verra les efforts fournis en terme de réduction des intrants, de bassin versants (talus, haies, bandes enherbées, zones humides,alimentation biphase), que dans 10 ans, car c'est le temps du cycle de l'azote).

Le tourisme est également une activité  a part entière de notre belle région, mais ce n'est le cas que 6 mois de l'année (et encore).

L'agriculture diversifiée, durable et respectueuse de l'environnement est l'avenir de la Bretagne, et ces systèmes peuvent y contribuer.

Quand a l'argument "y en a qui vont s'en mettre encore plein les poches", oh oui,c'est sûr, car des gros groupes d'investisseurs privés sont déjà sur les rangs pour les faire, et quand ils débarquent, c'est en mode rouleau compresseur, et terre brûlée. Un agriculteur a choisi de vivre et travailler au pays, et ne pratique pas l' EVASION FISCALE. Donc l'économie locale profite de ces retombées, et toute l'année.

bien sur il y a des exceptions a la règle, y'a des cons,c'est comme partout. Mais pour eux y'a plus rien a faire.

Merci a ceux qui m'ont lu jusqu'au bout, je le répète, je n'ai pas d'intérêt dans cette affaire, je ne suis pas bonnet rouge (trop "politique" a mon goût), mais je comprends et partage le souhait des bretons qui veulent se battre pour vivre et travailler dans note beau pays.Je ne veux pas qu'il y ait un remake des années 1900, où les Parisiens (je n'ais rien contre eux) venaient en train en Bretagne voir une carte postale pitoresque des rustes.. Ce ne serait pas rendre hommage a nos aïeux qui ont travaillé et se sont battus pour ce qu'elle est aujourd'hui.

De plus, je n'ai pas encore abandonné cette idée presque folle aujourd'hui de reprendre la ferme familiale un jour, pour y faire une agriculture durable, et me permettant de subvenir a mes besoins financiers, donc de VIVRE.

Je précise également que je surfe depuis 20 ans cette année de baie de DZ, impliqué dans un club de surf, et que l'un de mes premiers souvenirs de cette passion dévorante est justement a la Torche, Où je me rendrais avec plaisir ce week end pour la coupe de France de surf.

A galon vat André, ha Bevet Breiz !!

Cordialement, Julien Blaize.

#31: André -

Bonjour André,

Juste une petite précision : les serres sont chauffées 24H/24H même pendant les beaux jours

Cdt